3 avril 2011

Primaires a minima


Les cantonales passées, la grande machine des primaires socialistes est désormais prête à se mettre en branle. Il devrait s’agir d’un formidable évènement démocratique pour notre pays dans lequel tous les citoyens de sensibilité progressiste devraient pouvoir se retrouver pour désigner un candidat de gauche, fort d’une légitimité incontestée, capable d’aller affronter la droite en 2012. Mais comme le Parti Socialiste n’aime pas faire les choses en trop grand, la France ça n’est pas Hollywood non plus, on préfère parler ces derniers temps de « primaires a minima ». Pas de meeting national, ni de grand débat télévisé avant le premier tour, juste un « oral » (une succession de discours j’imagine) à l’occasion des Universités d’été de La Rochelle. Enfin, si les Français sont sages, ils auront peut-être droit à un débat télévisé entre les deux tours, si deuxième tour il y a.

Dommage donc que la gauche française ne fasse pas de ces primaires une formidable occasion de débattre et de mobiliser les électeurs en vue de 2012. Le débat idéologique peut être passionné entre les candidats et passionnant pour les citoyens sans que cela ne représente une entrave majeure au devoir d’union post-primaires. Il suffit pour cela d’un peu de discipline, un principe que les démocrates américains n’ont eu aucune difficulté à appliquer en 2008 avec Obama mais que les socialistes français semblent abhorrer. Ils détestent appliquer la discipline comme ils détestent parler de capitalisme. Ils l’ont prouvé en 2007 à travers leur soutien très timide, c'est le moins qu'on puisse dire, à Ségolène Royal.

Ces primaires a minima ont donc pour objectif (à peine masqué) de faciliter la tâche de Dominique Strauss-Kahn qui souhaite participer aux primaires à condition de ne pas les perdre. Il pense sans doute qu'il lui faut éviter un grand débat publique qui permettrait de mettre tous les candidats au même niveau. Il sait bien que les Français sont imprévisibles et ne se laisseront pas dicter leur choix par les médias. Ils l’ont prouvé en 2005 lors du référendum sur le traité constitutionnel européen. Dites aux Français qu’ils doivent voter « bleu », ils iront voter « rouge » ou « jaune ».

En attendant de pouvoir comparer, quand même, à la fin de l'été les propositions des différents candidats en course, je vous propose de retrouver ci-dessous la liste des candidats déclarés et potentiels et le degré de sympathie qu’ils m’inspirent. Je tiens à préciser qu'il s’agit du niveau zéro de la politique. Pas de réflexion, juste du ressenti.

Mon soutien : Ségolène Royal

A mon sens, elle réussit l’exploit de continuer à représenter l'espoir d'une donne politique nouvelle face aux éléphants du PS alors qu’elle est elle-même issue de leur génération. En se plaçant en marge de la machine socialiste et en développant le thème de la démocratie participative, sa marque de fabrique, elle prouve qu’il est possible de faire de la politique autrement. Sa force de caractère et sa détermination seront également des atouts formidables qu’il lui faudra mettre en avant. Enfin, sa campagne de terrain et ses nombreux déplacements à la rencontre des Français peuvent être une stratégie payante face à d’autres candidats totalement « solférinisés ».

Ma sympathie : François Hollande

Sa position est particulière. Il est à la fois le chouchou des journalistes parisiens (qui doivent sûrement avoir un intérêt à le faire monter dans les sondages mais je cherche encore lequel) et en même temps il est la risée de ses camarades qui le prennent guère (ou pas assez) au sérieux face à un DSK tout puissant. Je l’ai toujours trouvé un peu fade en tant que premier secrétaire du PS mais sa liberté de parole retrouvée a rendu ses prises de position plus intéressantes. Enfin, la clarté de sa démarche et son humour le rendent plutôt sympathique à mes yeux.

Mon hésitation : Dominique Strauss-Kahn

Avec lui, c’est un petit peu « En attendant Godot ». Les socialistes attendent le retour du « meilleur d'entre eux », un retour qui ne semble jamais arriver. Gardons à l’esprit que dans l’œuvre de Beckett, Godot n’arrive jamais. DSK c’est un petit peu le candidat qui a tout pour réussir mais auquel on a du mal à s’attacher. Directeur du FMI, il est réputé pour être un fin économiste et il jouit indéniablement d’une aura internationale. Les socialistes qui le dépeignent comme le diable le rendraient presque sympathique à mes yeux mais il conserve tout de même dans mon esprit cette image de bourgeois parisien qui mène une vie luxueuse dans les plus hautes sphères de la planète et que les médias ont décidé de nous imposer pour 2012. Pas très séduisant comme « success story ».

Ma déception : Manuel Valls

Alors que je pensais qu’il souhaitait se lancer dans la bataille des primaires de toutes ses forces, il apparait de plus en plus clairement que 2017 est en réalité son véritable objectif. Il aura suffi d’un passage de DSK à Paris au début de l’année pour qu’il émette l’idée qu’il pourrait se retirer en sa faveur. A ce moment, il est passé du statut de candidat farouchement déterminé à un simple « Moscovici ou Colomb de plus », c’est à dire une ambition pas franchement débordante conditionnée à la non candidature d’un autre camarade. Un peu décevant. Sur le terrain des idées, il reste très controversé à gauche mais je considère qu'essayer de bouleverser les codes dans son propre parti est une marque de courage et donc une qualité.

Ma méfiance : Martine Aubry

Elle est certes une excellente politicienne mais elle a ce côté « mère ronchon » qui lui colle à la peau. J’ai du mal à l’imaginer dans une campagne présidentielle, elle qui déteste les flashs des photographes. Il est certain qu’après le calamiteux « épisode Sarkozy » elle bouleverserait le style présidentiel mais son côté « Merkel de gauche » ne me séduit pas forcément. Et puis difficile de faire pleinement confiance à quelqu’un qui a triché pour s’emparer du deuxième parti politique de France... le Congrès de Reims a eu un effet dévastateur sur son image. Je pars du principe qu'on est attaché à la démocratie ou on ne l’est pas.

Mon absence d’opinion : Montebourg

Le personnage m’est plutôt sympathique. Il est beau-parleur et charismatique. Il rêve d’une campagne Obama-esque où il partirait de tout en bas pour arriver tout en haut en s’appuyant sur un solide réseau de militants et d’internautes. Son positionnement me semble trop à gauche pour l’instant pour prendre dans l’opinion mais avec un discours bien ficelé et la carte du renouvellement politique intelligemment mise en avant, il est un sérieux concurrent pour Manuel Valls. En 2012, comme en 2017. 

7 commentaires:

  1. Quant à moi ce sera Ségolène Royal point.barre-

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  2. Une chance sur 6... Bon, disons une chance sur 3. Parce qu'elle peut être très forte en campagne.

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  3. "quand je serais candidate"

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  4. On pourrait par ailleurs les séparés en deux catégories distincts. Si je te mettait d'un coté DSK/Valls/Montebourg et de l'autre Aubry/Royal/Hollande, ça pourrai faire un match plutot sympathique qu'en penses-tu Mathieu ?
    Gaëtan

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  5. Ce sont deux équipes que tu as tirées au sort ? Parce que DSK + Montebourg et Royal + Aubry... No comment!

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  6. c'est bien tu te décris comme modéré donc je te reconnais dans ton appréciation!
    ceci dit le congrès deReims et ce qui en suit à réussi à me dégoûter du vote PS !en dehors de Ségolène Royal qui reste pour moi la seule candidate à qui je peux donner ma voix
    donc si elle n'est pas désignée aux primaires impossible pour moi de voter PS!

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  7. Merci, Monique, pour ton commentaire. Je sais que beaucoup de ségolénistes sont totalement désenchantés depuis le Congrès de Reims et je suis le premier à dire que le manque de transparence et les tricheries durant ce congrès ont été une honte pour le Parti Socialiste. Mais je pense aussi qu'il ne faut pas être aigri et rester sur de telles amertumes. Il faut se tourner vers l'avenir et préparer l'ère post-Sarkozy ! (normalement)

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