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30 avril 2011

Primaires socialistes version South Park

- MARTINE AUBRY -
Guardienne du Pacte de Marrakech
Bourreuse d'urnes en cas de match nul

- DOMINIQUE STRAUSS-KAHN -
Sauveur de l'humanité
Amoureux des petits fours

- SEGOLENE ROYAL -
Protectrice du peuple français
Pourfendeuse des sondages médiatico-mensongers

- FRANçOIS HOLLANDE -
Petit mangeur
Détenteur du brevet de chiraquisme

- ARNAUD MONTEBOURG -
Chevalier de la 6ème République
Poète anticapitaliste

- MANUEL VALLS -
Candidat au Ministère de l'Intérieur
Strauss-Kahnien s'il le faut

18 avril 2011

La machine médiatique a décidé de flinguer Royal


Le système médiatique est un monstre qui fabrique des icônes pour mieux les brûler sur la place publique.

Tel est le sort que les médias français semblent vouloir réserver à Ségolène Royal. L’acharnement dont font preuve les journalistes aujourd’hui pour saboter sa candidature aux primaires est curieusement proportionnelle à l’enthousiasme avec lequel ils l’avaient autrefois propulsée au sommet.

Les médias ne sont plus aujourd'hui un simple contre-pouvoir. Ils sont le quatrième pouvoir, peut-être le plus puissant. Ils jouent le rôle de chef d’orchestre, donnent le tempo de la vie politique et mettent en musique l’opinion, à coup de reportages bien choisis, d’articles assassins et de sondages orientés. Il serait malvenu cependant, dans le cas de Ségolène Royal, de cracher dans la soupe. Ce système, elle a su l’utiliser au moment le plus opportun. Il l'a portée au sommet de sa popularité en 2006.

Certains continuent pourtant de penser que les médias travaillent pour la droite. Je crois personnellement qu’il n’en est rien. Je crois que les médias, dans leur grande boboïtude parisienne, travaillent dans leur vaste majorité pour la gauche. Ils ont fait de Ségolène Royal leur star, leur idole, leur égérie à un moment où ils pensaient qu’elle représenterait la meilleure chance des progressistes en 2007. Les divisions du camp socialiste et la machine parfaitement huilée du camp sarkozyste ont malheureusement conduit la France sur un tout autre chemin, celui d’un pays qui a sombré dans les divisions sous la présidence extrêmement mal menée d’un Sarkozy décidément mal inspiré.

Mais pourquoi ce désamour des médias aujourd’hui avec Ségolène Royal ? La réponse est à mon avis cruelle. Je crois, c’est ma triste conviction, que tout est mis en œuvre pour la voir échouer parce que le système médiatique veut la victoire de la gauche en 2012. Et ce système médiatique a tout simplement décidé qu’il ne souhaitait pas prendre le risque d’une deuxième « aventure Royal ».

Alors, pour lui barrer la route, rien ne lui est épargné dans les médias. Pour commencer, des sondages totalement surréalistes sortent chaque semaine pour façonner le choix des électeurs. Après avoir martelé pendant des mois que Dominique Strauss-Kahn était le seul à pouvoir battre Nicolas Sarkozy en 2012, la côte sondagière du héros du FMI s’est évidemment envolée. Depuis quelques semaines, les médias s’amusent désormais à tester une variante qui consiste à dire que François Hollande est en fait tout aussi crédible que DSK. Aujourd’hui, les sondages les donnent au coude à coude. Est-ce l’opinion des Français qui fait les sondages ou bien les sondages qui font l’opinion des Français ? La ficelle est devenue tellement grosse aujourd’hui qu’elle en est ridicule.

S’il n’y avait que les sondages. Mais le système peut parfois devenir injuste, quand il n’est pas tout simplement mesquin. A ce titre, le Grand Journal de Canal Plus semble avoir pris la tête de la croisade anti-ségo à la télévision. Pas une émission ne se déroule sans que les chroniqueurs ne demandent à leurs invités si Ségolène Royal ferait une bonne présidente de la république. Une de ces petites questions rhétoriques qu’ils aiment balancer le sourire au coin, la condescendance en bandoulière.

Dans la presse et à la télévision, les analystes politiques se succèdent pour débattre du possible retrait de la candidate dans la course des primaires, possibilité jamais évoquée par la principale intéressée. Hier encore, les caméras du JT de France 2 suivaient Royal lors d’un déplacement (sans la presse normalement) sur un marché de sa région. Et la voix off d’expliquer que plus personne ne s’intéresse à elle, la preuve étant offerte aux yeux des téléspectateurs à travers la comparaison des images de ce déplacement discret avec celles de son arrivée à la dernière Université d’Eté de la Rochelle. Une malhonnêteté intellectuelle sans nom quand on sait qu’elle est à ce jour la seule à gauche capable de remplir des salles de militants venus en bus de toute la France pour la voir et l'écouter.

C’est là que l’histoire est savoureuse. Les médias, dans leur puissance complaisante et méprisante, sous-estiment aujourd’hui la montée du cinquième pouvoir, celui de l’opinion. Ce pouvoir est aujourd’hui porté par les réseaux sociaux qui fonctionnent comme des poches de résistance qui se tissent et s’organisent sur le net pour devenir le seul véritable contre-pouvoir aux médias classiques. En effet, ce pouvoir n’est à la botte de personne. Il se moque des puissances de l’argent. Il s’indigne quand le pouvoir en place est injuste. Il s’offusque quand les médias pratiquent la manipulation. Il se révolte quand certaines situations deviennent insupportables. Rien ne lui échappe. Il fait même tomber les dictatures. La prochaine course à l’Elysée ne se fera certainement pas sans lui. Ségolène Royal l’a bien compris. Elle est d’ailleurs la personnalité politique la plus favorablement tweetée du moment, dixit Métro et TF1. Loin des sondages que l’on achète.

Au moment où je rédige ce billet, la question n’est en fait même pas de savoir si Ségolène Royal est la mieux placée pour renverser Nicolas Sarkozy en 2012. La question est de savoir si les médias ont le droit de choisir pour 65 millions de Français qui sera leur prochain président de la république. Elle est également de savoir si le mensonge et la manipulation sont acceptables pour arriver à cette fin.

La justice et la liberté sont en tout cas deux grands principes que je ne cesserai jamais de vouloir défendre. Je pense que les médias doivent être justes dans leur traitement de l’information et les citoyens libres dans leur choix démocratique.

La machine médiatique a décidé de flinguer Ségolène Royal ? Eh bien je veux croire que le cinquième pouvoir, celui de l’opinion, va donner une leçon à la machine infernale. Henry de Montherlant a dit « On reconnaît l’homme libre à ce qu’il est attaqué simultanément ou successivement par les partis opposés ». Mon vote en octobre me placera,  je pense, du côté de l’indépendance et de la liberté.

3 avril 2011

Primaires a minima


Les cantonales passées, la grande machine des primaires socialistes est désormais prête à se mettre en branle. Il devrait s’agir d’un formidable évènement démocratique pour notre pays dans lequel tous les citoyens de sensibilité progressiste devraient pouvoir se retrouver pour désigner un candidat de gauche, fort d’une légitimité incontestée, capable d’aller affronter la droite en 2012. Mais comme le Parti Socialiste n’aime pas faire les choses en trop grand, la France ça n’est pas Hollywood non plus, on préfère parler ces derniers temps de « primaires a minima ». Pas de meeting national, ni de grand débat télévisé avant le premier tour, juste un « oral » (une succession de discours j’imagine) à l’occasion des Universités d’été de La Rochelle. Enfin, si les Français sont sages, ils auront peut-être droit à un débat télévisé entre les deux tours, si deuxième tour il y a.

Dommage donc que la gauche française ne fasse pas de ces primaires une formidable occasion de débattre et de mobiliser les électeurs en vue de 2012. Le débat idéologique peut être passionné entre les candidats et passionnant pour les citoyens sans que cela ne représente une entrave majeure au devoir d’union post-primaires. Il suffit pour cela d’un peu de discipline, un principe que les démocrates américains n’ont eu aucune difficulté à appliquer en 2008 avec Obama mais que les socialistes français semblent abhorrer. Ils détestent appliquer la discipline comme ils détestent parler de capitalisme. Ils l’ont prouvé en 2007 à travers leur soutien très timide, c'est le moins qu'on puisse dire, à Ségolène Royal.

Ces primaires a minima ont donc pour objectif (à peine masqué) de faciliter la tâche de Dominique Strauss-Kahn qui souhaite participer aux primaires à condition de ne pas les perdre. Il pense sans doute qu'il lui faut éviter un grand débat publique qui permettrait de mettre tous les candidats au même niveau. Il sait bien que les Français sont imprévisibles et ne se laisseront pas dicter leur choix par les médias. Ils l’ont prouvé en 2005 lors du référendum sur le traité constitutionnel européen. Dites aux Français qu’ils doivent voter « bleu », ils iront voter « rouge » ou « jaune ».

En attendant de pouvoir comparer, quand même, à la fin de l'été les propositions des différents candidats en course, je vous propose de retrouver ci-dessous la liste des candidats déclarés et potentiels et le degré de sympathie qu’ils m’inspirent. Je tiens à préciser qu'il s’agit du niveau zéro de la politique. Pas de réflexion, juste du ressenti.

Mon soutien : Ségolène Royal

A mon sens, elle réussit l’exploit de continuer à représenter l'espoir d'une donne politique nouvelle face aux éléphants du PS alors qu’elle est elle-même issue de leur génération. En se plaçant en marge de la machine socialiste et en développant le thème de la démocratie participative, sa marque de fabrique, elle prouve qu’il est possible de faire de la politique autrement. Sa force de caractère et sa détermination seront également des atouts formidables qu’il lui faudra mettre en avant. Enfin, sa campagne de terrain et ses nombreux déplacements à la rencontre des Français peuvent être une stratégie payante face à d’autres candidats totalement « solférinisés ».

Ma sympathie : François Hollande

Sa position est particulière. Il est à la fois le chouchou des journalistes parisiens (qui doivent sûrement avoir un intérêt à le faire monter dans les sondages mais je cherche encore lequel) et en même temps il est la risée de ses camarades qui le prennent guère (ou pas assez) au sérieux face à un DSK tout puissant. Je l’ai toujours trouvé un peu fade en tant que premier secrétaire du PS mais sa liberté de parole retrouvée a rendu ses prises de position plus intéressantes. Enfin, la clarté de sa démarche et son humour le rendent plutôt sympathique à mes yeux.

Mon hésitation : Dominique Strauss-Kahn

Avec lui, c’est un petit peu « En attendant Godot ». Les socialistes attendent le retour du « meilleur d'entre eux », un retour qui ne semble jamais arriver. Gardons à l’esprit que dans l’œuvre de Beckett, Godot n’arrive jamais. DSK c’est un petit peu le candidat qui a tout pour réussir mais auquel on a du mal à s’attacher. Directeur du FMI, il est réputé pour être un fin économiste et il jouit indéniablement d’une aura internationale. Les socialistes qui le dépeignent comme le diable le rendraient presque sympathique à mes yeux mais il conserve tout de même dans mon esprit cette image de bourgeois parisien qui mène une vie luxueuse dans les plus hautes sphères de la planète et que les médias ont décidé de nous imposer pour 2012. Pas très séduisant comme « success story ».

Ma déception : Manuel Valls

Alors que je pensais qu’il souhaitait se lancer dans la bataille des primaires de toutes ses forces, il apparait de plus en plus clairement que 2017 est en réalité son véritable objectif. Il aura suffi d’un passage de DSK à Paris au début de l’année pour qu’il émette l’idée qu’il pourrait se retirer en sa faveur. A ce moment, il est passé du statut de candidat farouchement déterminé à un simple « Moscovici ou Colomb de plus », c’est à dire une ambition pas franchement débordante conditionnée à la non candidature d’un autre camarade. Un peu décevant. Sur le terrain des idées, il reste très controversé à gauche mais je considère qu'essayer de bouleverser les codes dans son propre parti est une marque de courage et donc une qualité.

Ma méfiance : Martine Aubry

Elle est certes une excellente politicienne mais elle a ce côté « mère ronchon » qui lui colle à la peau. J’ai du mal à l’imaginer dans une campagne présidentielle, elle qui déteste les flashs des photographes. Il est certain qu’après le calamiteux « épisode Sarkozy » elle bouleverserait le style présidentiel mais son côté « Merkel de gauche » ne me séduit pas forcément. Et puis difficile de faire pleinement confiance à quelqu’un qui a triché pour s’emparer du deuxième parti politique de France... le Congrès de Reims a eu un effet dévastateur sur son image. Je pars du principe qu'on est attaché à la démocratie ou on ne l’est pas.

Mon absence d’opinion : Montebourg

Le personnage m’est plutôt sympathique. Il est beau-parleur et charismatique. Il rêve d’une campagne Obama-esque où il partirait de tout en bas pour arriver tout en haut en s’appuyant sur un solide réseau de militants et d’internautes. Son positionnement me semble trop à gauche pour l’instant pour prendre dans l’opinion mais avec un discours bien ficelé et la carte du renouvellement politique intelligemment mise en avant, il est un sérieux concurrent pour Manuel Valls. En 2012, comme en 2017. 

4 décembre 2010

Ségolène Royal n’a pas dit son dernier mot


« La folle du Poitou est de retour ». « La Madone des marais Poitevin », « la poupée Barbie », « la Miss Boulettes », « la cruche », « la pauvre fille », « la nulle »… il n’aura fallu que quelques minutes aux internautes du Figaro pour moquer lundi dernier, en des termes parfois violents et misogynes, l’annonce de candidature de Ségolène Royal aux primaires socialistes. Les commentaires narquois et dédaigneux étaient au rendez-vous, tel un rouleau compresseur, pour railler cette annonce d’une grande « ridiculitude » à en croire certains.

Les divers commentateurs politiques ont pourtant accueilli cette annonce, qui était prévisible certes, avec une certaine dose d’admiration pour cette femme politique qui depuis 2005 ne cesse de prendre tout le monde par surprise.

Olivier Schmitt, dans un article pour le Monde, Ségolène Royal passe à l’offensive, estime par exemple qu’elle a une revanche à prendre sur la Présidentielle de 2007 et le Congrès de Reims de 2008. Elle possède encore aujourd’hui quelques atouts : « le premier est son envie, qui n’a jamais faibli, de mener la “bataille des batailles” pour laquelle elle ne s’est jamais sentie aussi prête ».

Ana Cabana, journaliste pour le Point, explique quant à elle, dans un article titré Ségolène Royal sous le coup du mépris, qu’on « assiste à un concert de réactions ironiques, ils lui refont tous le coup du mépris ». Pire, la droite se réjouit. Elle serait la candidate la plus facilement « battable » pour Nicolas Sarkozy. Même au sein des rangs du PS, on se gausse gentiment. Et la journaliste de continuer : « On peut tout dire de Royal : qu'elle est incontrôlable, imprévisible, insupportable, […] mais on ne doit pas oublier une chose : elle n'est pas une candidate parmi tant d'autres. Elle a une histoire avec les Françaises et les Français. […] La magie Royal est finie, bien sûr, mais il y a une chose qu'on ne peut pas lui enlever : elle ne s'économise pas, c'est une battante, elle prend des risques ».

Un panel de commentateurs politiques sur France 24 revenait également sur son coup d’éclat dans une émission intitulée Le coup de poker Royal. Chacun a bien sûr émis des réserves sur ses véritables chances dans la course à l’Elysée mais tous ont reconnu, avec une certaine admiration sa combativité, sa force de conviction et, surtout, son envie d’y aller et d’en démordre. Christine Clerc rappelle alors une phrase de Nicolas Sarkozy : ‎« La victoire va à ceux qui le veulent le plus ». Elle enchaîne : « Royal a une volonté incroyable ». Et de voir en elle « le reflet inversé de Nicolas Sarkozy ».

France Info n’a pas non plus modéré ses éloges dans son Duel du weekend diffusé ce matin. Alain Genestar admet qu’elle était « un peu la dinde de la farce dans cette histoire de pacte » qui la marginalisait à côté d’Aubry et de DSK. Il ajoute alors « elle est remarquable, exceptionnelle, elle a un vrai sens du tempo que n’ont pas ses camarade ». François Bonnet de Médiapart enfonce le clou et considère que « le PS est historiquement malade de ses relations avec les institutions de la 5ème République. Il y a une personne au PS qui n’a aucun problème avec elles, c’est Ségolène Royal qui les a toujours assumées. Elle assume ce présidentialisme à la française. »

Enfin, une interview très intéressante dans le Nouvel Observateur : le publicitaire François Belley, auteur de l’essai « Ségolène, la femme marque », décrit la stratégie de la présidente de région. Il explique qu’elle a « toujours été différente parce qu'elle a compris que pour exister politiquement, il faut exister médiatiquement. […] La différence de Ségolène Royal avec ses concurrents, c'est qu'elle est, sur le marché politique français, la seule marque forte identifiable. [..] Elle dépasse le PS, elle n'a pas besoin de l'étiquette du parti pour séduire. La seule référence à son nom suffit pour adhérer ou non ». Il estime cependant que maintenant « la marque Ségolène a besoin de contenu ».

Du contenu. Voilà ce dont aura besoin Ségolène Royal pour remporter, dans un premier temps, les primaires et ensuite les présidentielles. Du contenu elle peut cependant en avoir puisqu’elle aime elle-même à rappeler que sa région est son laboratoire d’idées et que ses réussites locales sont transposables à l’échelle nationale. Elle conserve cependant un fort déficit de crédibilité dans l’opinion, particulièrement auprès des électeurs du centre et de la droite, un retard qu’elle va devoir rattraper si elle souhaite doubler DSK, Hollande et les autres dans la course à l’investiture socialiste et convaincre de ses chances dans un second tour présidentiel.

Mais elle possède tout de même certains atouts que personne ne peut lui enlever : cette immense envie d’y aller, cette détermination sans faille d'en découdre avec le camp d'en face, cette intuition politique et son sens du coup médiatique, ce lien avec le peuple et les quartiers populaires, cette main tendue à la fois vers le centre et l’extrême gauche.

Elle sait que peu miseront sur elle en 2011. Mais elle sait également qu’en politique rien n’est jamais joué d’avance et le destin sourit à ceux qui persévèrent. Une chose est sûre : elle est habitée par ce désir ardent, presque gaulliste, de satisfaire un destin présidentiel.

Ségolène Royal n’a pas dit son dernier mot.